Partenaires

CNRS
IN2P3
Sorbonne Universite
Universite de Paris
Initiative Physique des Infinis
UPMC


Rechercher

Sur ce site


Accueil > Actualités > Décès de Philippe Leruste

Décès de Philippe Leruste

par Sophie Trincaz - 1er mars

Notre collègue et ami Philippe LERUSTE s’est éteint le 16 février 2024 à quatre-vingt-quinze ans rattrapé par la maladie.

Apres ses études en Sorbonne où l’enseignement d’A. Lichnérowicz l’avait marqué, il commence sa carrière de physicien théoricien à l’Institut Henri Poincaré. Il travaille notamment avec Louis de Broglie (qui dirigera sa thèse) sur des théories de champs non linéaires afin de comprendre les fondements de la mécanique quantique et l’interprétation de la fonction d’onde. A la fin des années 1950 au cours d’un stage en URSS il est co-auteur d’un article sur son travail dans ce contexte, article qui faisait toujours partie de ses préoccupations, en témoigne sa dernière publication [1]. Au milieu des années 1960, il rejoint le laboratoire de physique atomique et moléculaire dirigé par Francis Perrin au Collège de France. Ses travaux portent sur la théorie des collisions notamment des modèles utilisant un formalisme multicanal appliqué aux réactions de mésons légers sur les nucléons. Dès lors il forme un binôme solide avec Maurice Benayoun. En 1973, la fusion de ce laboratoire avec celui de Louis Leprince-Ringuet en une chaire unique dirigée par Marcel Froissart correspond à la création du laboratoire de physique corpusculaire. Les chercheurs y sont incités à se convertir à l’expérimentation. Philippe commence alors une série de collaborations au CERN, d’abord sur des expériences auprès du synchrotron PS sur les collisions méson-nucléon, puis sur les collisions d’ions lourds au SPS à l’aide du grand spectromètre Omega. Il devient responsable du groupe du LPC constitué d’une dizaine de personnes qui outre les travaux d’analyse physique dominants portant sur les effets higher twist de la QCD construit un prototype de détecteur (chambre à damiers). Au milieu des années 1990, pour continuer la physique des particules lorsque le LPC entame une transition vers l’astrophysique et le campus Tolbiac, Philippe rejoint the LPNHE à Jussieu et l’expérience BaBar. Il participe d’abord à la mise au point et la simulation du détecteur DIRC pour l’identification des particules chargées. Pendant la prise des données (et même bien après), Odile Hamon et Philippe assurent une large contribution à la production massive des données de simulation.

S’il n’a pas été épargné par les temps difficiles et l’adversité, Philippe laisse l’image d’un homme engagé (dès la Libération) et généreux, toute sa vie à l’écoute des autres, en particulier les plus en difficulté, payant de sa personne pour les aider. Deux filles, Anne et Claire, sont nées du mariage de Philippe et Marianne dans les années 1960. Je crains que Philippe ne se soit jamais remis de la disparition prématurée de Marianne. Comme exemple de sa curiosité d’esprit qui cherchait des ponts entre domaines bien éloignés, citons sa contribution dans les années 1960 à l’analyse des données de l’expérience spéléologique hors du temps de Michel Siffre, son intérêt pour les sciences humaines, la psychanalyse et en particulier les interactions des groupes humains (Anzieu), les grands textes de diverses civilisations, l’histoire des religions du livre, etc. Sa prédilection allait aux mathématiques. Son sens physique très personnel mobilisait souvent une vision géométrique aiguisée notamment pour appréhender la relativité restreinte ou développer des intuitions à propos de dimensions supplémentaires.

Ce fut un grand honneur de partager l’amitié de cet honnête homme qu’était Philippe LERUSTE.

Jacques Chauveau

[1]https://fondationlouisdebroglie.org/AFLB-451/aflb451m934.htm
Ph. Leruste, ‘Non Linéarité et Spectre de Particle-Like’,
Annales de la Fondation Louis de Broglie, Vol.45, no 1, 2020.


[1https://fondationlouisdebroglie.org/AFLB-451/aflb451m934.htm
Ph. Leruste, ‘Non Linéarité et Spectre de Particle-Like’,
Annales de la Fondation Louis de Broglie, Vol.45, no 1, 2020

Facebook
Enregistrer au format PDF